Le mot « testicule », כליות (khiliot), apparaît dans la Kabbale dénudée, de Joannis Davidis Zunnerii. Ses équivalents latins sont renes et testiculis. Le mot renes, « reins », a en effet le sens de « testicules », dans certains contextes. Zunneri cite dans ce contexte le livre de Job: « Quis posuis in renibus (testiculis) sapientiam ?». « Qui a mis la sagesse dans les reins (les testicules)? »ii
Chose curieuse, le mot כליות (khiliot) ne figure pas en réalité dans ce verset. On y trouve à sa place le mot טּחוֺת (tuhôt) qui a une signification assez proche, quoique différente : « Fond de l’être, ce qui est couvert, ce qui est caché, lombes, reins ».
Il y a de nombreuses occurrences de khiliot et de tuhôt dans la Bible, et dans presque tous les cas ces deux mots ont une signification proche.
Par exemple: « Mes khiliot seront transportés d’aise »iii, « Tu es près de leur bouche et loin de leurs khiliot »iv, « Sondant les khiliot et les cœurs »v.
Quant à tuhôt on le trouve par exemple dans : « Mais tu aimes la vérité au fond de l’être (tuhôt), dans le secret tu enseignes la sagesse. »vi
Revenons à Zunneri. Il explique le mot khiliot ainsi : «Sunt Nezah et Hod », (les khiliot sont Nezah et Hod).
Le sens de Nezah est : « jaillir, éclabousser », et celui de Hod : « ce qui est obscur »vii.
Les khiliot sont donc « quelque chose d’obscur », qui « jaillit et éclabousse ».
Zennuri continue: « Ubi indicatur quod הי i.e Binah et Chochmah influxum derivet in renes. »
« Où il est indiqué que הי , c’est-à-dire l’Intelligence (Binah) et la Sagesse (Hokhmah), font dériver leur influx dans les reins (les testicules). »
On a déjà vu que le Yod י était un symbole du masculin et que le Hé ה était un symbole du féminin.
Il y a là une allusion au fait que l’union intime de l’Intelligence et de la Sagesse se réalise dans les khiliot. Le sens de « testicules » prend alors toute sa saveur, sa sève.
Il est maintenant possible de comprendre Thérèse d’Avila, quand elle déclare ‘De mon Bien-Aimé j’ai bu‘ , « pour donner une idée de ce qu’elle reçoit de Dieu dans ce divin cellier de l’union ».
Ce qu’elle boit, c‘est l’intelligence et la sagesse, ainsi que leur union même.
i Joannis Davidis Zunneri. Kabbala Denudata. Liber Sohar restitutus, Francfort,1684
ii Job 38,36
iii Ps. 23,16
iv Jer 12,2
v Jer 11,20
vi Ps. 51,8
vii Dictionary English-Hebrew Gensenius-Robinson, New York 1877