Qui a raison ?
« Le désespoir est la plus grande de nos erreurs i. »
« Le désespoir est la plus petite de nos erreurs ii .»
« On ne peut être juste, si on n’est pas humain iii. »
« On peut être juste, si l’on n’est pas humain iv. »
Paul Eluard, qui s’y connaissait assez, vu son expérience automatique, jugea que Lautréamont fit volontairement du plagiat un simple moyen de s’affirmer en se niant. Il nota aussi, fait sans doute bien plus révélateur, que ce dernier n’avait pas pu ne pas lire dans Vauvenargues cette « irritante évidence » que l’invention est la seule preuve du génie.
Admettons. Mais ne peut-on aussi admettre qu’inventer ne suffit pas. Il faut aussi, nécessairement, éventer l’esprit, que ce soit le nôtre ou celui du temps, lui donner tout l’air dont il meurt de ne pas être ré-oxygéné. Il importe de plus, sincèrement, de vanter (oui! je joue sur les mots…) ceux qui n’inventent rien, parce qu’ils sont contents de se hanter sans grande hâte, en attendant que s’enfante leur nature et que se révèle ce qu’elle cache, bref qu’elle se laisse, non inventer mais découvrir.
L’invention c’est bien, la découverte c’est mieux, au moins du point de vue métaphysique.
________
iVauvenargues cité par Paul Eluard, Œuvres complètes I. « Premières vues anciennes ». Gallimard. La Pléiade. 1968, p. 547
iiLautréamont cité par Paul Eluard, Œuvres complètes I. « Premières vues anciennes ». Gallimard. La Pléiade . 1968, p. 547
iiiVauvenargues cité par Paul Eluard, Œuvres complètes I. « Premières vues anciennes ». Gallimard. La Pléiade. 1968, p. 547
ivLautréamont cité par Paul Eluard, Œuvres complètes I. « Premières vues anciennes ». Gallimard. La Pléiade. 1968, p. 547
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.