Il y a un peu moins de deux millénaires, les Oracles chaldaïques ont jeté des lumières crues, sèches, sur la réelle nature de ce monde.
Phrases courtes, sciées comme des canons.
Éclats anciens brillant d’un feu flou et rongeur.
Pépites d’or vieux, usées par trop de mains.
Sagesse méprisée, éternelle.
Extrême modernité aussi, tant nos temps sont lourds, épais, muets comme du bétail à l’étable.
De quoi parlent ces oracles ?De ce qui fut. De ce qui vient. De ce qui sera, peut-être.
Au commencement. Un abîme originaire, éjaculatoire, paternel, « au-delà du cosmos ».
Le grec ancien est concis, précis, puissant.
« De l’esprit, en effet, l’esprit »: νοῦ γάρ νόος.
Ce qui veut dire qu’un Dieu, aussi « un » soit-il, ne peut s’empêcher d’engendrer, en son propre esprit, son propre esprit. L’esprit ne cesse de s’engendrer lui-même, par lui-même, de lui-même. Et cet esprit qui naît est nouveau, toujours nouveau. Par exemple: l’esprit, en silence, engendre l’esprit qui parle.
Dehors, le monde est en feu. En feu et en sang.
« Le monde, le feu et le sang » ©Philippe Quéau 2023 ©Art Kéo 2023
La réalité est cruelle, et la bestialité plus encore. Pas d’intelligence, non, il n’y a pas d’intelligence, dans ce monde, et moins de sagesse encore. Vous le voyez bien, n’est-ce pas?
Il y a bien sûr quelques sages inutiles. Il sont un peu plus utiles, cependant, au regard de l’avenir, du lointain avenir, que les myriades d’idiots utiles, qui parsèment les chancelleries, qui occupent les postes, tous les postes, et que tous ces chefs, ces importants, pétris de haine, gonflés de vanité, ces outres vides, ces sépulcres exhalant leurs vers gras de chair humaine, ne lâchant rien, jamais rien. Car leur tête est vide, creuse, ossifiée, calcinée.
Pendant ce temps, les peuples sont asservis. Des chaînes partout. Lourdes et blessantes. Ou subtiles et envahissantes. Peuples de tous les pays, libérez-vous!
Il faut en finir, une fois pour toutes, avec l’esclavage. Sous toutes ces formes. Et si l’on doit subir, un temps encore, ces asservissements, que notre nuque reste indomptée.
Il faut en attendant, de par le monde, butiner sans cesse ces Pensées intelligentes, qui, depuis l’aube des Temps, nous ouvrent leurs sucs, leurs sources, leurs fleurs de feu.
N’oublie pas, lecteur: « Aux fulgurations intellectuelles du feu intellectuel, tout cède. » (Oracles chaldaïque, 81)
Et surtout, surtout: en ce temps si sombre, n’éteins pas ton esprit.
🖤
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