Le Grand Cairn et l’esprit éruptif


« Le Grand Cairn de Barnenez. Photo Philippe Quéau »

Le Grand Cairn de Barnenez domine la baie de Morlaix, dans le Finistère.

Composé de moellons de dolérite et de dalles de granite, il a été construit entre 4500 et 3900 ans avant J.-C., soit bien avant les premières Pyramides d’Égypte.

Il mesure 75m de long et 28m de large. C’est le plus grand mausolée d’Europe.

En son sein, onze chambres funéraires.

Certaines de leurs dalles sont gravées.

Des zigzags. Un signe en U. Un ‘arc’. Des triangles isocèles.

Et une figure rectangulaire, — dite ‘à la chevelure rayonnante’.

Cette métaphore, employée par les guides, et qui se veut accrocheuse, est-elle pertinente? Non, presque certainement pas.

Que signifiait donc ce symbole unique, gravé il y a plus de six millénaires?

Ces courbes arquées, dressées vers un ailleurs, les unes d’un côté, au nombre de huit, les autres d’un autre côté, au nombre de six, sortent en souple gerbe de l’arête d’un cadre vide.

Ce ne sont à l’évidence pas des cils, des poils, des cheveux, — ni des blés ou des branches.

Elles ont une beauté simplissime et archétypale, qui évoque pour moi le plein jaillissement de l’esprit, saisi par les puissances chamaniques.

Ce sont les lignes d’un champ d’énergie, neuro-magnétique, ou plutôt neuropsychique. Elles figurent quatorze lianes qui relient, comme par une éruption de sève, un flux de suc, le rectangle désormais vide du corps abandonné par la conscience, et l’infini mystère qui emplit le cairn et l’univers.