Le jour du sang


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Le 25 décembre, les chrétiens fêtent Noël. Pourquoi cette date ? Elle fut empruntée au culte de Mithra. De même, la date de la fête chrétienne de Pâques a été empruntée au culte d’Atys et de Cybèle. Pâques coïncide avec l’équinoxe du printemps et avec la grande fête de ce culte à mystères. Cette grande fête païenne, d’origine phrygienne, commençait le 24 mars. Elle était appelée le « jour du sang ».

C’était aussi le jour où les prêtres impétrants et néophytes devaient s’émasculer volontairement. « Ils jetaient ces parties retranchées d’eux-mêmes sur la statue de la déesse Cybèle. On enterrait ces instruments de fertilité dans la terre, dans des chambres souterraines consacrées à Cybèle. » explique James George Frazer (Atys et Osiris. Etude de religions orientales comparées. 1926).

On procédait également aux cérémonies d’initiation. « Le fidèle couronné d’or et entouré de bandelettes descendait dans une fosse recouverte d’une grille. On y égorgeait un taureau. Le sang chaud et fumant se répandait en torrents sur l’adorateur. » (Ibid.)

L’initié passait la nuit, seul, dans la fosse sanglante.

Le lendemain, le 25 mars, on célébrait la résurrection divine.

Les prêtres châtrés d’Atys étaient appelés les « galles », en référence au fleuve Gallus en Galatie. D’autres déesses étaient aussi servies par des prêtres eunuques, comme Artémis d’Éphèse ou Astarté à Hiéropolis en Syrie.

Divinité phrygienne, Atys est à la fois le fils et l’amant de Cybèle. On peut le comparer à Adonis, associé à Aphrodite-Astarté ou à Tammuz, parèdre d’Ishtar.

La mythologie nous renseigne sur l’origine de ce culte sanglant. Zeus a donné naissance à l’hermaphrodite Agdistis, en laissant couler son sperme à terre, ensemençant ainsi Gaïa, la Terre. Mais les autres dieux effrayés par cet étrange hermaphrodite, à la fois homme et femme, l’émasculent. Privé de son sexe mâle, Agdistis devient alors Cybèle.

Pausanias raconte que du sang qui coula de la blessure de l’émasculation, naquit l’amandier. Puis, d’une amande de cet arbre, Nana, fille du dieu-fleuve Sangarios, conçoit Atys. Atys devient un beau jeune homme. Cybèle, qui est en quelque sorte son géniteur, par amande interposée, tombe amoureuse de lui. Mais Atys devait épouser la fille du roi de Pessinos. Jalouse, Cybèle le frappe de folie. Alors Atys s’émascule lui aussi.

Regrettant son acte, Agdistis-Cybèle obtint de Zeus que le corps d’Atys ne se décompose jamais.

Le mythe d’Atys et Cybèle n’a rien à voir avec le christianisme, à l’évidence. Pourtant, les chrétiens décidèrent de fixer la fête de Pâques, elle-même empruntée au judaïsme, à la date des mystères d’Atys et Cybèle. Il y avait en effet une assez lointaine analogie, qu’il convenait d’utiliser au mieux, en des temps de compétition forcenée entre paganisme et christianisme.

De même que le Christ avait été mis à mort, que son sang avait coulé, et qu’il avait été mis au tombeau pour ressusciter le 3ème jour, de même le sacrifice du taureau (lui-même hérité de traditions plus anciennes) fait couler le sang sur l’initié qui doit passer la nuit dans ce caveau aux allures de tombeau, pour ressusciter symboliquement le lendemain en tant qu’initié aux mystères.

Pâques elle-même était une fête instituée par les Juifs en souvenir du sacrifice d’Isaac par son père Abraham à la demande de YHVH.

Cette référence biblique à d’anciens sacrifices humains atteste d’une pratique religieuse, qui dut prendre d’autres formes au long des milénaires et dans différentes parties du monde.

Heureusement, avec l’heureuse issue du sacrifice d’Isaac, le judaïsme confirmait la fin du sacrifice humain.

Le culte d’Atys et de Cybèle ne demandait pas le sacrifice de l’homme, mais seulement celui de ses parties.

Il y a seulement un point commun entre le judaïsme, les mystères d’Atys et de Cybèle, et le christianisme : le sang y coule.

Le sang du bélier, le sang du sexe tranché, le sang du Christ.

Analogie, que ne fait-on pas en ton nom !