
La vie naît dans la matière, dans la mort gît son secret.
En mourant, s’en vider emplit de puissance.
La fin libère l’envol, dilate les ailes — de lignes non dénuées de nébuleuses.
La géométrie de ce vol n’est pas logique.
L’esprit ne se pense, le vide se fait.
L’envol est élan, vie neuve.
Le temps se pend, piteux, au mur. L’espace se plie comme une lettre à la poste.
Le flux vivant entre en bouillonnements lents dans l’âme calme.
La mort descend tout au fond de son vide.
Dans sa cessation se donne la présence au Soi.
Furtif, le Soi, comme un simple souffle, un zéphyr.
De loin, il paraît semblable au sommeil profond, sans rêve.
Mais dans la ténèbre, l’obscur et l’oubli,
Contre toute attente,
Il inonde la conscience de son soleil.
La captive de la cage à pensées, il l’habille, l’élève, et la délivre.
Elle se déchaîne des passions, se délie des garrots, s’ouvre en brasier.
Longtemps j’ai erré dans les déserts bruyants, les dormants marécages et parmi les monts arrogants.
J’ai trop laissé à mon moi l´être et le faire.
Libre, l’esprit s’acère. Il vibre vite quand le lent et le long règnent.
Une paix épaisse, liquide, noie la rumeur océane.
Une tranquille étrangeté nimbe le Soi.
J’entre dans son aurore.
Ce n’est qu’un début. Il y a une route à faire, une brousse à rompre.
L’exubérance des apparences accompagne son silence.
La pensée s’arrête à son bord même.
Le monde, si présent, prend sa distance.
On descend toujours plus bas, plus au centre.
Il semble qu’on approche du rien, mais rien n’est plus trompeur.
Il n’y a plus rien en effet, plus rien que la conscience.
L’être immobile s’y tient, au seuil de l’Infini mouvant.
Il se tait au commencement du Soi.
Ce Soi je le tisse et le tresse en silence. Mon métier est de haute lice !
La soie du Soi, mon vice et ma douceur.
Non sommeil, ni rêve, ni gouffre, ni abysse d’inconscience.
Plaine trouée plutôt. Ou steppe verticale.
Et sereine citadelle ouverte aux vents.
La nature du moi se change dans le Soi.
Le monde se dissout. S’évapore. Sort du champ.
Le Soi cingle au large.
Le port n’est qu’une lèvre au loin. Ligne fugace.
La voile se bombe d’un vent vivant.
La traversée sera longue, éternelle.
Le moi se fait très humble.
Penser une ‘pensée’ serait hurler dans le silence cathédral.
Mieux vaut faire des concepts un monceau, y jeter la braise.
Un incendie d’idées, dans la nuit la plus sombre, la plus double.
Crémation de l’intellect, sur les charbons de l’innocence.
De cette cendre friable, naît un oiseau d’envergure.
Un phénix ?
Ou un kāribu ?
Pingback: Le silence et la cendre — Metaxu. Le blog de Philippe Quéau – TYT
Le même, mais à l’envers, sauf les quatre dernières strophes.
La vie et la mort seraient-ils réversibles ?
« Un incendie d’idées, dans la nuit la plus sombre, la plus double.
Mieux vaut faire des concepts un monceau, y jeter la braise.
Penser une ‘pensée’ serait hurler dans le silence cathédral.
Le moi se fait très humble.
La traversée sera longue, éternelle.
La voile se bombe d’un vent vivant.
Le port n’est qu’une lèvre au loin. Ligne fugace.
Le Soi cingle au large.
Le monde se dissout. S’évapore. Sort du champ.
La nature du moi se change dans le Soi.
Et sereine citadelle ouverte aux vents.
Plaine trouée plutôt. Ou steppe verticale.
Non sommeil, ni rêve, ni gouffre, ni abysse d’inconscience.
La soie du Soi, mon vice et ma douceur.
Ce Soi je le tisse et le tresse en silence. Mon métier est de haute lice !
Il se tait au commencement du Soi.
L’être immobile s’y tient, au seuil de l’Infini mouvant.
Il n’y a plus rien en effet, plus rien que la conscience.
Il semble qu’on approche du rien, mais rien n’est plus trompeur.
On descend toujours plus bas, plus au centre.
Le monde, si présent, prend sa distance.
La pensée s’arrête à son bord même.
L’exubérance des apparences accompagne son silence.
Ce n’est qu’un début. Il y a une route à faire, une brousse à rompre.
J’entre dans son aurore.
Une tranquille étrangeté nimbe le Soi.
Une paix épaisse, liquide, noie la rumeur océane.
Libre, l’esprit s’acère. Il vibre quand le lent et le long règnent.
J’ai trop laissé mon moi être et se faire.
Longtemps j’ai erré dans les déserts bruyants, les dormants marécages et parmi les monts arrogants.
Elle se déchaîne des passions, se délie des garrots, s’ouvre en brasier.
La captive de la cage à pensées, il l’habille, l’élève, et la délivre.
Il inonde la conscience de son soleil.
Contre toute attente,
Mais dans la ténèbre, l’obscur et l’oubli,
De loin, il paraît semblable au sommeil profond, sans rêve.
Il est furtif, le Soi, comme un simple souffle, un zéphyr.
Dans sa cessation se donne la présence au Soi.
La mort descend tout au fond de son vide.
Le flux vivant entre en bouillonnements lents dans l’âme calme.
Le temps se pend, piteux, au mur. L’espace se plie comme une lettre à la poste.
L’envol est élan et la vie est neuve.
L’esprit ne se pense, et le vide se fait.
La géométrie de ce vol n’est pas logique.
De lignes non dénuées de nébuleuses.
La fin libère l’envol du Soi, dilate ses ailes,
En mourant, s’en vider nous emplit de sa puissance.
La vie naît dans la matière, mais dans la mort gît son secret.
Crémation de l’intellect, sur les charbons de l’innocence.
De cette cendre friable, naît un oiseau d’envergure.
Un phénix ?
Ou un kāribu ?
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en effet, réversibles…
Bien vu!
…
et il reste beaucoup à en dire d’ailleurs…🙂
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