L’obsolescence de la réalité


«La musique décompose en virtualités tout ce qui est concrètement présent, et ces virtualités croissent et croissent, se multiplient par mille, jusqu’à ce que le monde entier ne soit plus rien qu’une profusion qui vibre doucement et, à perte de vue, un océan de virtualités dont on n’a besoin de saisir aucune.» (Rilke)

J’aimerais généraliser cette belle idée aux inventions poétiques, aux rêves réveillés, aux intuitions, aux silences, aux réalités mêmes.

La notion de virtualité, dont les pauvres acceptions médiatisées par la réalité virtuelle ont biaisé la compréhension profonde, ne s’oppose pas à la réalité, mais la complète et la dépasse. Elle la transcende aussi parfois, dans certains cas, que j’aimerais évoquer succinctement. 

La virtualité représente l’ensemble des possibles, mais aussi, putativement, l’infini des choses impossibles, le monde infiniment délié de ce qui ne peut pas être, de qui ne pourra jamais être, et de ce qui n’a jamais été possible.

En prenant la notion de virtualité dans un sens aussi large, on se coupe d’emblée du bon sens bien décidé à ne prendre aucun risque.

Et pourtant, s’il y a une chose sûre, c’est que de l’apparemment impossible va nécessairement arriver, un jour ou l’autre, par exemple dans les sciences ou dans la politique.

Le virtuel est notre espoir, il est notre Désirade. Aucune naïveté en cela. Un parfait réalisme au contraire. Car la réalité, la seule réalité, qui ne voit qu’elle est condamnée à l’obsolescence?


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