Bref dialogue avec la vision


« La Vision » ©Philippe Quéau (Art Κέω) 2024

Comment la vision questionne l’âme aimante sur les séraphins et sur l’homme le plus indigne.

« Dame l’âme, voulez-vous être plutôt un séraphin ou un homme [Mensch] avec un corps et une âme dans le chœur le plus bas des anges ? »

L’âme à la vision : « Dame la vision, vous avez bien vu que les séraphins sont des princes parmi les anges et qu’ils sont un amour et un feu et un souffle et une lumière avec Dieu. »

La vision à l’âme : « Vous avez bien vu que les anges sont des personnes simples et qu’ils ne savent ni louer Dieu, ni aimer, ni discerner au-delà de leur nature ; et cela, l’homme le plus indigne peut le rattraper par la foi, par le repentir, par son désir et sa bonne volonté ; seulement son âme ne peut brûler autant dans la Divinité. »

L’âme à la vision : « Dame la vision, vous avez bien vu que ces anges, les séraphins, sont des enfants de Dieu et malgré cela Ses serviteurs. La plus petite âme est une fille de Son Père […] Quand le jeu se décidera on verra ce qui compte le plus ; le plus magnifique des anges […] qui plane au-dessus des séraphins et qui est un Dieu indivis […], je le prends dans mes bras, moi, la plus petite âme et je Le mange et je Le bois et j’en fais ce que je veux. Cela ne pourra jamais arriver aux anges. Aussi loin qu’Il habite au-dessus de moi, je ne serai jamais tant privée de Sa Divinité que je ne La sente pas sans cesse dans tous mes membres ; ainsi je ne peux jamais tiédir. Comment me laisserais-je troubler par le sort des angesi ? »

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iMechtild de Magdebourg. La lumière fluente de la Divinité. Livre II, § XXII. Traduit de l’allemand par Waltraud Verlaguet. Ed. Jérôme Millon. Grenoble, 2001, p. 57