
J’ai escaladé une cime. J’ai vu une vue que leurs yeux n’avaient pas vue. J’ai plongé au fond d’une mer. Je m’y suis gorgé d’une eau dont leurs bouches n’avaient pas bu.
Mes pensées errent comme la lueur d’un éclair, brèves conjectures, jetées dans l’ombre des futurs.
Je suis fait d’argile et de feu ; de clarté et de froidure ; d’ombre et de soleil, d’étreinte et d’attente ; de disparition et de séparation ; de transe et de calcination.
J’ai fendu l’océan de la pensée, comme glisse une flèche dans la nuit. J’en devins si proche que j’en oubliai mon nom.
Je m’étonne, et de toi et de moi. Que de fois nous nous sommes évadés d’entre les formes.
C’est trop souffrir que de devoir t’appeler sans cesse, comme si j’étais loin de toi, ou comme si toi, tu t’étais absenté.
L’aurore s’est levée, en pleine nuit ; elle resplendit, et n’aura pas de crépuscule.
Tu embrasses tout lieu, et l’au-delà des lieux. Où es-tu ?
Dans ma solitude, ton délaissement m’est encore une société. Ton esprit s’est, de loin, impalpablement mêlé à mon esprit.
Ma conscience, extérieure à son essence, s’en étonne ; face à cet indicible, elle s’en ravit.
Pour elle, dans la nuit solitaire, qu’elle y sombre ou qu’elle y veille, l’espoir luit de loin en loin.
En grand péril, elle ne prend confiance qu’en frôlant son risque.
Tu n’as pas laissé mon sang seul, tu en es la tension, en son flux, sans cesse.
Tu es, pour moi, ni le paradis ni l’enfer. Un purgatoire sans fin non plus.
Quatre lettres, et quelques autres encore. S’y délient, s’y lient, mes pensées.
Tantôt les vagues me soutenaient, tantôt je m’y enfonçais.
Son esprit se tient entre ma peau et mes os. Quand je l’oublie, je souffre.
Un pacte, une alliance, un contrat – entre le néant et l’être, entre le corps et l’esprit, entre l’âme et la vérité.
Ton esprit s’est intriqué à mon esprit, comme le vin à l’eau, l’onde au champ.
Tu es apparu à certains. Tu t’es voilé pour d’autres. Tu t’es absenté de la présence.
Tantôt, il me regarde, tantôt je le regarde.
Une aurore se lève, et toi tu l’enténèbres encore.
Charnel quant à la pulpe, dense quant au noyau, lumineux quant à l’essence.
Des noms que ni la lumière, ni les ténèbres ne connaissent.
Je me suis embarqué pour la haute mer. Ma barque s’emplit. J’écope.
Pour qui ne saisit pas l’allusion, quel besoin d’explication?
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