
On l’appelait Nil, comme le fleuve, pour échapper à la censure. Son vrai nom (Évagre) sentait le soufre. Il semblait avoir été l’objet d’une condamnation imméritée pour une supposée hérésie. Il avait seulement fréquenté la pensée, fort originale, d’Origène. Dans ses écrits, j’ai pêché quelques perles, que j’ai traduites et adaptées à mon goût.
Efforce-toi de rendre ton esprit sourd et muet; alors tu pourras penser.
Ce qui est pleinement bon ne peut donner que de bonnes choses. Mais qu’est-ce qui est bon ?
N’exige pas satisfaction immédiate à tes requêtes. Accrois ta persévérance.
Comme le pain nourrit le corps et la vertu l’âme, la contemplation nourrit l’esprit.
La contemplation se sépare de tous les sens. A l’extrême, elle ravit l’âmei vraiment sage et spirituelle, jusqu’aux sommets des mondes.
Il ne suffit pas d’être séparé des sens pour être ravi, en vérité; car on peut encore s’attacher à des abstractions, et se distraire à leurs développements, demeurant ainsi loin des cimes.
Quand l’esprit se détache des abstractions, il n’a pas pour autant atteint le domaine de la contemplation. Il peut en rester aux choses, aux êtres, aux raisons d’être. Cela l’écarte fort du but.
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iNil emploie souvent l’expression « πνευματικὸν νοῦν ». Νοῦς équivaut au πνεῦμα, employé par Paul de Tarse. On peut traduire cette expression par « intelligence spirituelle ». Il s’agit de nommer la partie la plus éminente de la nature humaine. J’emploie ici le mot « âme » pour faire court. On pourrait aussi traduire par des périphrases comme la « fine pointe » de l’âme ou l’« étincelle » de l’esprit.
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